jeudi 5 juillet 2012

Journal de Bord n°1


REGARDER : le mot clé.
En face, des tableaux de la vie.
Routes de fer qui ponctuent nos vies.



·      La Motte-piquet, Grenelle

« Music is life » : une inscription rose sur un sac noir. Les portes s'ouvrent, une jeune fille assez grande entre dans le wagon avec un casque, couleur prune, sur les oreilles. Elle s'assoit sur un des strapontins. 
À peine assise, ses mains commencent à bouger et sa bouche mime le rythme : elle fait de la batterie. 

Le regard en vadrouille ; il est passionné. Il accompagne la musique dont on perçoit les vibrations et le rythme. Ses mains bougent de plus en plus rapidement. Son regard est guidé par le rythme. Pas besoin de réfléchir, les gestes sont presque automatiques.

Cette jeune fille est dans sa bulle. À plusieurs reprises, elle regarde autour d'elle. Ses yeux ne font que passer, le plus important pour elle : la musique... Finally music is really her life.


·      Orsay-ville

En attendant un rer, une femme d’une soixantaine d’années se fait les ongles au milieu du quai.

Elle a la technique : le pot posé sur la barre entre deux poubelles de fer, elle dévisse son flacon et commence sa tâche. Les coups sont rapides et assurés. Quelques coups d’œil à droite et à gauche et elle commence l’autre main.  Le train entre en gare, le flacon est refermé aussi vite. Le temps de faire le dernier doigt et il est l’heure de se faire porter.

Le vernis couleur or/bronze s’associe parfaitement avec ses vêtements et ses bijoux : un haut bleu roi, un pantalon blanc et des bracelets, des colliers et des boucles d’oreilles en or. Presque transparent, seul un éclat bronze rappelle ses cheveux blond vénitien. Elle est maintenant assise. Il ne reste aucune trace de cette scène, seulement une petite odeur de vernis…


·      Direction Nation

Il était une fois dans un couloir de métro. Par là, tous les matins, une foule se déverse : pressée ou prenant son temps tous s’en vont vers des horizons différents. Chacun y va de son comportement : rapidement, en rang ou avançant tranquillement.

Dans les dédales du métro 6, le son, doux, magique et tendre de la harpe emplit nos oreilles. Le rythme de la mélodie s'accélérant la musique résonne de plus en plus fort dans ce tunnel. Personne ne s’arrête. La vie ne s’arrête pas pour une musique si belle.

Les doigts de ce musicien vont d’une corde à une autre sans se poser de question, au rythme des battements de son cœur. Le son de sa harpe est passionné. Puis, soudain, un crescendo, rien ne peut plus l’arrêter ; ses yeux sont fermés ; ses mains courent sur les cordes en créant un son si délicat. À ses côtés, un petit panier. Pourquoi ne pas s’y baisser et lui tendre la main en le remerciant ?  

Voyageur d’un soir ;
Voyageur du matin ;
Voyageurs quotidiens ;

À  toi qui prend le chemin du grand train de fer.